samedi 3 juillet 2021

Madame de Staël et Fichte

 

Mme de Stael


 

On Raconte que Madame de Staël ayant rencontré le grand philosophe allemand Johann Gottlieb Fichte,  lui demanda avec une certaine hardiesse (Ce qu'on voulut bien lui pardonner puisqu’elle n'était pas philosophe de profession)  de résumer son système centré sur l’idée du Moi (Ich) en quinze minutes. Madame de Staël avait l'esprit « français », c'est à dire l'esprit taquin, insubordonné , se tenant à la limite de l'arrogance aristocratique.
 Fichte bafouilla quelques mots en essayant de résumer la philosophie de toute une vie et Madame de Staël n'y comprenant strictement rien, écourta l'entretien en lui rappelant  méchamment qu'il s'agissait sans doute d'une de ces histoires du baron de Münchhausen. Elle ramenait par là même la profondeur de l'idéalisme allemand à une histoire comique ou un conte philosophique d'où Voltaire serait désespérément absent.

 

Fichte

 


 On a là à la fois un mélange de légèreté et de bêtise propre à celui qui demeure extérieur à la complexité d'une doctrine philosophique. Tout professeur doit faire l'expérience de cette bêtise lorsqu'il est confronté à certains parents d'élèves. Ceux-ci veulent absolument rendre compte de sa discipline à partir de leurs souvenirs de potaches, d’un discours dominant ou des intérêts bassement égoïstes d’une famille , voire d’un clan, ce qui n'a généralement pour effet que de déformer la discipline ou son essence,  l’entretien se transformant progressivement en bavardage affligeant,   stérile et interminable. Durant ces acrobaties verbales , l'un jauge l'autre comme un boxeur avant le dernier round.   Mélange de mécompréhension amusée , de crispation souriante. Nous nous quittons avec une poignée de main de fausse cordialité, oubliant ce qui ne fut bien heureusement qu’un accident scolaire. Bien sûr, et c’est une bonne chose,  le professeur fait de meilleures rencontres mais la bienveillance n’est pas toujours la chose du monde la mieux partagée. Comment ne pas penser à ces innombrables Mesdames et Messieurs « de Staël » dont j’ai encore le portrait profondément gravé en moi  ? Je publierai avec plaisir certains portraits de la bourgeoisie endimanchée car il serait faux de croire que l’enseignement se limite au rapport du Maitre et de l’ élève. Les rencontres multiples avec les familles sont largement révélatrices des innombrables malentendus qui existent à propos de l’école. Il s’agit d’en parler et de considérer ces évènements non pas comme des « tragédies », mais comme des symptômes du malaise scolaire général.

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