dimanche 11 juillet 2021

Le temps du désœuvrement.

La musique m'a beaucoup appris. Elle est cruelle, comme toute forme artistique. Le pianiste de Jazz canadien Mulgrew Miller sut l'exprimer de façon magistrale dans ses ateliers musicaux . Il nous rappelle que le musicien de Jazz est à la recherche de quelques moments de grâce qu'il a vécus et que toute sa vie est tendue désormais vers la recherche exigeante de cette lumière qui oriente tous ses efforts.
Mulgrew Miller
 
 
Retrouver cet instant privilégié où l'univers devient pure lumière. L'écriture obéit de facto à la même injonction. Il y a derrière les conjonctions d'idées, de phrases, et de sonorités, le souvenir forcené d'une satisfaction totale, inénarrable.
 
 L'art, qu'il soit musical ou scripturaire n'est que la recherche d'un passé glorieux et fulgurant. Mais, et c'est là le problème, la gloire n'est que momentanée. Le temps est long. Il doit cependant être habité, et ce que nous appelons l'ennui n'est que le sentiment du temps qui est déserté par cette grâce. Il faut avoir le courage, alors d'épauler l'ennui et l'on pourrait définir l'artiste comme l'artisan d'une recherche de l'œuvre qui se double du courage du désœuvrement.
 
 
 « Pour le penseur et pour tous les esprits inventifs, l'ennui et ce désagréable « temps calme » De l'âme qui précède a traversé heureuse et les vents joyeux. » ( Frédéric Nietzsche, le gai savoir, paragraphe 12.)
 
 
 Il y a donc une morale de l'artiste qui consiste à accepter le temps de l'ennui car il est indissociable du moment créateur. Après tout, le repos de Dieu après la création lui aussi dut sans doute ressembler à ce désœuvrement. Savoir « demeurer chez soi avec plaisir » insistait Pascal, supporter ce que les hommes ne supportent pas : l’ennui.

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